J’ai publié quatre lettres d’opinion dans Le Soleil et La Presse en huit semaines cet été. J’y abordais quatre sujets assez différents les uns des autres : le déraillement de Lac-Mégantic, la pénurie de main-d’œuvre et l’immigration économique, l’importance et l’utilité du droit de grève et la fermeture du journal Métro et de ses hebdomadaires.
Je savais qu’elles allaient être publiées parce qu’elles étaient pertinentes, percutantes ou profitables aux débats en cours. De plus, j’avais anticipé certains sujets brûlants d’actualité depuis quelque temps; je m’étais préparé en me documentant et en écrivant quelques textes.
Je reconnais qu’il n’est pas toujours facile de réagir « sur le spot » à l’actualité, d’improviser et de réussir à faire entendre sa voix sur la place publique. En plus, si j’avais été à la tête d’une organisation dotée d’une stratégie de communication trop rigide (ou d’aucun plan de communication), je n’aurais peut-être pas eu la capacité ou la latitude pour intervenir.
La fatigue informationnelle : un problème réel
J’ai été très chanceux cet été. Quatre lettres d’opinion publiées en huit semaines, c’est une statistique anormalement élevée. Cet alignement des planètes n’arrive pas souvent. Alors, aussi bien optimiser les fois où on intervient afin de se faire entendre.
Pour y arriver, il faut accepter de remettre ses vieilles habitudes, ses réflexes, en question. Mais il faut surtout comprendre l’environnement informationnel dans lequel nous baignons.
Jérôme Lhermenier de Future Brand affirme que « pour continuer à être audibles, les marques se doivent de réduire leurs prises de parole pour se concentrer sur l’essentiel. » À ce sujet, il cite les auteurs du livre intitulé Quand l’info épuise qui affirment qu’une fatigue informationnelle toucherait 53 % de la population.
Lhermenier y va ensuite d’une analyse qui m’apparaît juste :
« [La] …surproduction d’informations s’explique d’abord par la démultiplication des acteurs. En plus des médias historiques, tout le monde s’improvise médias, des marques aux simples citoyens. Les réseaux sociaux amplifient cette tendance du tout info en continu en gommant toute hiérarchie entre infos réelles, utiles et fake news.
Dans ce contexte d’économie de l’attention en tension, il est important que les marques interrogent la légitimité de leurs prises de parole et la manière dont elles diffusent leurs messages sous peine de devenir inaudibles ou pire, accusées d’alimenter le grand moulin à paroles. »
Les bruits de fond constants, que dis-je le grondement informationnel assourdissant que nous subissons depuis l’avènement des médias en continu, peuvent vite diluer votre message. Alors, il faut donc apprendre à contourner le problème.
Choisir parcimonieusement ses cibles
Il m’est arrivé à quelques reprises dans ma carrière de perdre le fil tellement j’étais confus face à l’avalanche d’informations que je recevais tous les jours. J’ai donc dû fermer les vannes, faire le vide pour reprendre pied. J’ai même laissé passer des « occasions » pour focaliser mon attention sur les circonstances qui m’apparaissaient plus profitables.
Il n’y a absolument rien de mal à le faire.
Toutes les têtes dirigeantes en communication qui me consultent me disent que leur objectif est de faire rayonner leur organisation davantage. Mais quand je leur parle de rayonner mieux et avec parcimonie, je sens souvent qu’elles se braquent.
Alors que faire? Être constamment sur la place publique et devenir invisible ou intervenir moins souvent, quand c’est pertinent et essentiel, et être réellement au cœur de l’actualité?
Je vais y aller plus crûment encore : êtes-vous capable de vous taire pour avoir plus d’impact?
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