Ainsi donc, le livre de l’ex-députée solidaire Catherine Dorion fait couler beaucoup d’encre. D’un côté, d’ex-collègues de travail en profite pour joueur à la piñata avec elle, de l’autre des chroniqueuses soulignent ses contradictions. Bref, l’ex-député de Taschereau provoque encore la polarisation.
Pour avoir travaillé en étroite collaboration avec elle et l’équipe de son bureau de circonscription, je suis obligé de dire que j’ai rarement eu affaire à quelqu’un d’aussi sincère et d'authentique en politique. En effet, dans une vie professionnelle antérieure, je pilotais les efforts d’un syndicat qui souhaitait améliorer le sort des préposées aux bénéficiaires des CHSLD et des résidences privées pour aînées. La députée solidaire nous avait grandement aidées en ne ménageant pas les efforts.
Elle nous avait ouvert les portes de son bureau sans poser de question, sans game politique. Bref, elle ne calculait pas.
À l’époque je ne me doutais pas que sa personnalité dérangeait aussi certaines personnes à l’intérieur de QS. Imaginez : le parti qui devrait prôner l’inclusivité et la diversité avait du mal à composer avec cet électron libre. J'en ris encore.
Bizarrement, le fait qu’elle fédérait tant de monde contre elle m’a mis la puce à l’oreille : l’ex-députée solidaire nous disait-elle quelque chose sur nous que nous refusions d’admettre, par hasard?
Je me souviens, lors de la « crise du coton ouaté », à quel point ses choix vestimentaires polarisaient l’opinion publique. Certaines personnes de ma connaissance utilisaient des adjectifs qualificatifs dégradants à son égard, oubliant commodément que l’habit ne fait pas le moine. Il est d’ailleurs étonnant que cette histoire ait tant fait la manchette puisque, sauf erreur, « la maison du peuple » qu’est l’Assemblée nationale devrait théoriquement accueillir toutes les personnes, quelle que soit leur apparence physique.
Pour dire franchement, j’ai côtoyé un très grand nombre de gens de la classe politique qui portaient des costards de qualité dans mes quelque 20 ans de carrière. Bien que j’ai beaucoup de respect pour eux, peu m’ont autant impressionné par l’intensité de leur travail et leur disponibilité que Catherine Dorion. Elle était loin d'être parfaite, bien entendu. Si j'avais été un proche conseiller, j'aurais sans doute cherché à lisser certains traits de caractère. Mais a posteriori, je crois que c'aurait été une erreur.
Cela dit, je vais acheter son livre, ne serait-ce que pour lui dire merci d’avoir mené ces combats à mes côtés. Et aussi par voyeurisme, je dois l’admettre.
En fait, Catherine Dorion est comme une grande sœur turbulente, clivante même. C'est la raison pour laquelle j’ai beaucoup d’affection pour elle. Je crois que lorsqu'on devient adulte, il faut s'efforcer de comprendre véritablement et d'accepter les personnes qui ne nous ressemblent pas.
Même celles qui nous font suer.
Les analyses sans compromis à son égard, voire condescendantes dans certains cas, m'en disent long sur le besoin de conformité au Québec. Nous vivons vraisemblablement dans une société où toutes les diversités ne sont pas célébrées.
Stéphane Lacroix est expert-conseil en gestion de crise et en stratégie chez Lacroix relations publiques.
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