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  • Photo du rédacteurStéphane Lacroix

Tomber dans le piège

Ainsi donc, la lettre d’opinion de six ex-premiers ministres serait commanditée, directement ou indirectement, par une riche et puissante famille, un grand cabinet d’avocats et l’Institut de cardiologie de Montréal. C’est ce que rapporte le Journal de Québec aujourd’hui dans ses écrans.


Êtes-vous étonné·e? Vraiment?


Ne faisons pas preuve de naïveté: toutes les lettres d’opinion de cette nature sont commanditées directement ou indirectement par des organisations, des groupes de pression ou des individus qui aspirent à plus de reconnaissance publique ou à influencer la suite des choses.


Toutes les organisations cherchent à vivre, à croitre. Elles ne peuvent y arriver qu’en faisant parler de leurs produits, de leurs idées ou des causes qu’elles portent. Leur survie est impossible si elles restent dans l’ombre.


S’offusquer que des organisations commanditent officieusement ou officiellement une lettre d’opinion est quelque peu contre-productif. C’est un peu comme si on critiquait les météorologistes parce qu’ils ne sont pas arrivés à prévoir l’ondée de fin d’après-midi.

Ça nous fait ventiler, mais ça n’apporte absolument rien au débat.


Cela dit, je ne critique pas le journaliste d'avoir rapporté la nouvelle. Je suis simplement un peu amusé des cris d'indignation des certaines personnes.


En fait, la question n’est pas tant de savoir si ces ex-leaders politiques sont « manipulés » par des forces obscures (j’ironise, ici), mais bien si ce qu’ils proposent tient la route.



Le marasme


Pour répondre à cette question, il ne faut pas perdre de vue que le système de santé tel que nous le connaissons aujourd’hui est issu des décisions prises à un moment où à un autre par les gouvernements de Pierre Marc et Daniel Johnson, Lucien Bouchard, Jean Charest, Pauline Marois et Philippe Couillard.


Disons-le franchement : le marasme dans lequel le réseau de la santé est plongé n’est pas apparu hier matin. Pour être honnête, la CAQ n’a pas grand-chose à voir avec cette situation pitoyable puisque les décisions qui ont mené le système de santé là ont été prises dans les dernières décennies par d’autres personnes. Certaines ne sont même plus de ce monde.


Cela dit, j'ai de la misère avec la lettre d'opinion de ces ex-premiers ministres. Simplement à cause de leur bilan en cette matière.


Pour avoir œuvré dans une vie professionnelle antérieure à défendre les droits des femmes et des hommes qui travaillent dans des CHSLD et des RPA, notamment, je suis bien placé pour écrire que le « track record » des gouvernements québécois des 30 dernières années en matière d’efficacité du système de santé n’est pas particulièrement reluisant.


En tout cas, il ne l'est pas aux yeux de bien des gens.


Je m’étonne que l’ex-première ministre Marois et les ex-premiers ministres Johnson, Bouchard, Charest et Couillard soient tombés dans le piège de rédiger cette lettre d’opinion. Personnellement, je leur aurais fortement conseillé de s’en abstenir afin d'éviter de projeter l’image (à tort ou à raison) de politicien·nes entêté·es à défendre un système qui est décrié par tant de personnes depuis si longtemps.

Mais du même souffle, je dois aussi écrire en toute franchise que je ne suis pas vraiment convaincu par la réforme Dubé non plus.


Stéphane Lacroix est expert-conseil en communications et en gestion de crise chez Lacroix relations publiques.



Photo : SkitterPhoto


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