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Un mouvement ouvrier en quête de cap

Dernière mise à jour : 3 sept.

Stéphane Lacroix donne une entrevue à... Caroline Lacroix de Radio-Canada
Stéphane Lacroix donne une entrevue à... Caroline Lacroix de Radio-Canada

Tout comme moi, vous avez constaté que de nombreuses grèves ont été déclenchées au Canada au cours des derniers mois. Bien que ce soubresaut syndical semble de bon augure, la situation est loin d’être rose pour le mouvement ouvrier. Tout d’abord, le gouvernement Legault a fait adopter par l’Assemblée nationale une loi qui permet d'imposer l'arbitrage aux personnes syndiquées et, ce faisant, de mettre fin à un conflit de travail. De plus, sur demande des jeunes caquistes, une loi sur la transparence syndicale serait dans les cartons de Jean Boulet, le ministre du Travail.


Le fédéral est, lui aussi, très actif à cet égard. Ottawa a forcé le retour au travail des cheminots du CP et du CN, des postiers et postières, ainsi que des agentes et agents de bord chez Air Canada. Il faut cependant dire que, dans ce dernier cas, le geste posé par le gouvernement Carney lui a explosé au visage lorsque le syndicat a refusé d’obtempérer.


Aux États-Unis, la situation est encore moins brillante pour les syndicats. Lors de la campagne présidentielle de 2024, le Parti républicain a multiplié les gestes symboliques envers les syndicats. Donald Trump a même offert une tribune de choix au président des Teamsters, Sean O’Brien, lors de la Convention républicaine.


Mais une fois réélu, Trump a rapidement dévoilé ses intentions. Dès mars 2025, il a retiré à des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux leurs droits de négociation collective, dans ce qui a été qualifié par certains du plus grand acte antisyndical de l’histoire américaine. Parallèlement, ses politiques tarifaires ont fragilisé l’industrie automobile, tandis que ses mesures fiscales n’ont profité qu’à une minorité de travailleurs et travailleuses et largement aux plus riches.


Pour revenir au Canada, les personnes syndiquées ont voté en grand nombre pour le Parti conservateur aux dernières élections, ce qui tend à confirmer que non seulement elles refusent que leurs syndicats leur dictent pour qui voter, mais que la trame narrative de la droite a réussi à convaincre des centaines de milliers d'entre elles, comme c’est le cas aux États-Unis dans plusieurs régions, notamment dans le Rust Belt.


Les syndicats ont encore la possibilité de reprendre le haut du pavé, à condition de mettre de côté les anciennes manières de faire, d’inclure les personnes issues de l’immigration dans les instances politiques, d’assurer une reddition de compte irréprochable, de favoriser une démocratie à toute épreuve et de se donner une véritable vision fondée sur des données probantes. L’improvisation, la bureaucratie et les chicanes de clocher n’ont plus leur place.


Pour un mouvement ouvrier en quête de cap, espérons que les états généraux du syndicalisme prévus l’année prochaine deviennent le point de départ pour réfléchir à tout ce qui est mentionné ci-dessus.

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