Une semaine électorale, trois angles morts

On aurait pu croire que la première semaine de campagne fédérale allait permettre de mettre en lumière une foule de priorités citoyennes. Attention! C’est surtout l’industrie automobile qui a volé la vedette.

L’imposition de nouveaux tarifs par nos voisin-es (et désormais meilleur-es ennemi-es) des États-Unis a déclenché une pluie de réactions. Les chefs de parti ont défilé en Ontario, multipliant les accolades et les promesses de soutien aux travailleurs et travailleuses. Normal : quand Washington tousse, c’est l’économie canadienne au complet qui s’enrhume.

Mais pendant que les projecteurs sont braqués sur les chaînes d’assemblage, d’autres enjeux peinent à se frayer un chemin jusqu’au micro.

Prenons les femmes, par exemple. À part les promesses conservatrices de peines plus sévères pour les crimes sexuels, rien. Le ministère Femmes et Diversité de genre ? Évaporé dans le nouveau cabinet « de guerre » de Mark Carney. Et les médias ? Aucune mention de cette disparition. Zéro. Silence radio.

Du côté des personnes en situation de handicap, c’est le même vide. Aucun engagement clair des grands partis, si ce n’est la promesse du NPD de doubler la Prestation canadienne pour les personnes handicapées – prestation jugée inadéquate par plusieurs organismes communautaires. Le Parti vert, de son côté, propose de bonifier les crédits d’impôt et de financer pleinement la prestation. Mais encore faut-il que quelqu’un leur tende un micro.

Bref, une semaine de campagne où l’économie a occupé tout l’espace, pendant que les droits sociaux jouaient les figurants. Même le Parti libéral, qui semblait foncer vers une majorité confortable, a patiné en fin de semaine avec les déclarations de ses figures de proue sur la loi 96, qui pourraient bien venir gripper la machine au Québec.

On commence à peine, et déjà, le ton est donné. Espérons que les prochaines semaines permettront à d’autres voix – communautaires, féministes, syndicales – de se faire entendre au-delà du vacarme des tarifs.